1947 : la construction des premières serres du Jardin des Plantes
Le 29/01/2020 à 13h46 par Archives municipales
Résumé

Les Archives vous proposent de prendre la direction du Jardin des Plantes, créé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, et vous racontent la construction des premières serres en 1947. 

 

Le Jardin des Plantes, situé dans le quartier de Moulins, a été inauguré le 3 juillet 1948. Imaginé durant la période de l’entre-deux-guerres, le projet est relancé en 1945.

 

La consultation des délibérations du Conseil municipal (1D2) et des dossiers de séances du Conseil municipal (1D5) permettent de retracer une partie de l’origine de ce jardin et de la construction des premières serres en 1947.

 

Extrait du plan d’aménagement du Jardin des Plantes dessiné par l’architecte Jean Dubuisson

Archives municipales de Lille – 1D5/19609

 

 

Un jardin imaginé durant la période de l’entre-deux-guerres à l’emplacement des anciennes fortifications

 

Le projet de réalisation d’un nouveau jardin botanique, plus vaste que celui situé rue du Ballon[1], est envisagé dès les années 1920.

 

Le dérasement des fortifications de Lille, autorisé en 1919, offre de nombreuses possibilités à la municipalité. Elle utilisera ces centaines d’hectares nouvellement libérés pour y construire notamment des logements et des espaces verts. La création du Jardin des Plantes fait partie de ces projets.

 

Le terrain envisagé pour ce nouveau jardin se situe dans le quartier de Moulins, entre les portes d’Arras et de Douai. Il s’agit d’un vaste espace de près de 11 hectares, situé entre la voie ferrée, le boulevard des défenseurs de Lille et la rue du Faubourg de Douai. Le jardin se situe en face de l’Institut Diderot, à proximité de l’observatoire de Lille, construit en 1932, et de l’école de plein Air Désiré Verhaegue, inaugurée en 1931[2].

 

Plan de localisation du futur Jardin des Plantes

Archives municipales de Lille - 1D5/19609

 

Le projet est inscrit dans le programme des grands travaux voté à la fin de l’année 1940 afin de lutter contre le chômage. L’une des tranches prévues concerne les travaux consécutifs au démantèlement de la fortification. « Une ceinture de verdure sera établie autour de notre Ville […] Un nouveau jardin botanique qui sera tout à la fois un jardin d’études pour nos étudiants et pour tous ceux qui sont épris des beautés de la nature et désirent en connaître les secrets et un jardin d’agrément qui viendra compléter fort heureusement les promenades et jardins publics de notre Ville »[3].

 

 

 

Au lendemain de l’armistice, l’état alarmant des différentes serres municipales relance le projet

 

De 1945 à 1947, plusieurs délibérations sont prises pour pouvoir réaliser le Jardin des Plantes. Le mauvais état des serres et ses conséquences sur les cultures et les plantations municipales sont mentionnés à plusieurs reprises.

 

Ainsi, en juillet 1945, la situation est présentée en ces termes : « Pour multiplier et cultiver les plantes servant à l’ornement des squares, conserver notre collection de plantes tropicales et garder en bon état les plantes vertes et les palmiers utilisés pour les fêtes et les cérémonies, il est impossible de compter longtemps encore sur nos serres actuelles qui sont devenues irréparables »[4].

 

Les plantes cultivées et utilisées par la Ville sont conservées dans différents lieux devenus vétustes, décrits dans ce même rapport :

  • Dans les serres et l’orangerie du jardin botanique de la rue du Ballon. 

  • Dans les serres du jardin Vauban « toutes les serres sont métalliques et cinq serres sur sept datent de 70 ans ».

  • Sous la rotonde vitrée du Palais Rameau qui date de 1875. Celle-ci est en mauvais état et ne convient pas pour les palmiers. Elle n’est plus chauffée depuis 1940 et les palmiers sont placés pour l’hiver dans le hall de l’Hôtel de Ville « dont l’atmosphère desséchante est d’un effet extrêmement nocif sur la végétation ».

 

Une seconde problématique est également évoquée, les serres existantes ont déjà atteint le maximum de leur capacité de production. « La capacité de production des serres de culture est de 60 000 plantes. Or, plus de 100 000 plantes sont utilisées annuellement pour la décoration des squares ».

 

La décision est ainsi actée par la municipalité lors de sa séance du 15 juin 1946 de créer un Jardin des Plantes et un « Fleuriste municipal ». Ce dernier pourra réunir les serres de plantes à massifs et de collections, la pépinière et les cultures de plantes ornementales.

L’étude du projet est confiée à l’architecte Jean Dubuisson, Grand Prix de Rome d’architecture, en collaboration avec les services municipaux.

 

 

 

La construction des 14 premières serres en 1947

 

Délibération du 8 février 1947 « Jardin des plantes,

construction d’un groupe de serres, adjudication des travaux ».

Archives municipales de Lille - 1D2/148

 

Le lancement du marché pour la construction d’un groupe de 14 nouvelles serres et d’un réseau de chauffage est validé par le Conseil municipal lors de sa séance du 8 février 1947. 

 

Le dossier de séance qui accompagne cette délibération apporte quantité d’informations sur leur construction : dimensions, matériaux et techniques utilisés, coûts, entreprises sélectionnées, etc. Ce dossier contient notamment les plans dessinés par l’architecte Jean Dubuisson et le cahier des charges qui détaille tous les attendus de la réalisation.

 

Les serres à construire représentent un ensemble de 43,02 mètres de large sur 32,44 mètres de longueur. Les 14 serres sont séparées par une galerie centrale de 2,40 mètres de large et 1 mètre sépare chaque serre.

 

Extrait du plan d’ensemble des serres dessiné par Jean Dubuisson contenu

dans le dossier de la délibération n°1205 en date du 8 février 1947

Archives municipales de Lille - 1D5/19609

 

Le matériau principal utilisé est le « pitchpin de première qualité », une variété de pin. Le vitrage utilisé, « en verre demi-double », doit offrir une étanchéité absolue aux serres.

 

Liste des températures à maintenir dans chaque serre.

Extrait du cahier des charges contenu dans le dossier de la délibération

n°1205 en date du 8 février 1947

Archives municipales de Lille - 1D5/19609

 

Le Jardin des Plantes et ses 14 premières serres sont inaugurés le 3 juillet 1948.

 

Quelques mois avant l’inauguration, à l’occasion d’une réunion à la Société botanique du Nord, le projet est présenté en ces termes « Dix hectares de l’ancienne zone de fortifications seront transformés en un vaste jardin d’agrément, qui offrira en même temps aux spécialistes, aux chercheurs et aux artistes un champ d’études très étendu […] Dès cette année une superficie de deux hectares et demi sera mise à la disposition des étudiants et des promeneurs »[5].

 

Suite à son inauguration, le Jardin des plantes continue son évolution sous la direction de l’architecte Jean Brunot qui succède à Jean Dubuisson. Les travaux se poursuivent avec la construction de deux nouvelles serres et l’élévation du bâtiment de l’orangerie qui contient également le logement du concierge, des bureaux et une salle de conférence. L’ensemble est terminé en 1954.

Les aménagements se poursuivent ensuite avec l’installation d’une vaste roseraie face à l’Institut Diderot, un plan d’eau, un jardin alpin, etc. La serre équatoriale, conçue par l’architecte Jean-Pierre Secq, est quant à elle inaugurée le 26 septembre 1970.

 

Le Jardin des Plantes est inscrit aux monuments historiques depuis décembre 1997[6]

 

 

 

Une source essentielle sur l’histoire municipale : les délibérations (1D2)  et les dossiers de séances du Conseil municipal (1D5).

 

Pour retracer l’origine de la création du Jardin des plantes, la consultation de dizaines de délibérations des années 1920 aux années 1940 est nécessaire et permet de suivre l’évolution du projet : décision et contexte de sa réalisation, choix de son emplacement, expropriations et évolutions de voierie, financement, choix de l’architecte, adjudication[7] des différents lots, etc… Les décisions sont nombreuses avant d’aboutir à la construction des premières serres et à l’aménagement du jardin.

 

Les dossiers de séances du Conseil municipal, qui viennent de faire l’objet d’un classement pour la période 1917-1947, permettent de retracer l’histoire des grands projets municipaux. Ils sont conservés sous la référence 1D5.

Compléments indispensables aux délibérations du Conseil municipal, ces milliers de dossiers permettent de comprendre le contexte des délibérations et contiennent des pièces complémentaires : correspondance, rapports, notes, contrats, plans, cahiers des charges, etc.

 

Les plans et le cahier des charges des serres construites en 1947 sont extraits du dossier de séance conservé sous la cote 1D5/19609. 


 

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