1901 : naissance d'un « ch’ti Lillois », Léopold Simons
Le 28/01/2021 à 23h39 par Archives municipales
Résumé

Connaissez-vous Léopold Simons ?

A l’occasion de l’anniversaire des 120 ans de sa naissance, les Archives municipales vous proposent de revenir sur sa vie à travers quelques documents conservés dans nos fonds.

 

Photographie de Léopold Simons, au centre, prise lors d’un spectacle.

A ses côtés, l’actrice Line Dariel avec qui il a joué en duo la plupart de ses œuvres.

Archives municipales de Lille - 4D7/92

 

Laissons Léopold Simons faire les présentations :

 

« Min vrai nom ? Bin c’est Simons. J’ai bin pensé à Simonis quand j’étos aux Beaux -Arts, mais SIMONS est ce ça n’est pas aussi bien.

Min prénom ?

  • Ch’est Leopold : on m’dit Léo, mais pu souvint SIMONS.

  • Mon second prénom, c’est celui d’un personnage que j’ai créé : ALPHONSE.

Je les ai supprimés pour une question de typographie. Mon nom devant paraître sur des affiches, je me suis dit : il faut le raccourcir pour avoir de plus gros caractères. » (4D7/92)

 

Léopold Simons, connu sous son nom de scène Simons, est un artiste lillois aux multiples talents : poète, écrivain, peintre, illustrateur, caricaturiste, compositeur, homme de radio, comédien et réalisateur. Il a marqué l'histoire locale et régionale, notamment par sa production valorisant la culture et le patois de sa région. Il s’exprime en effet souvent en patois picard. Ce patois est « un parler régional » utilisé surtout dans les quartiers populaires. C’est une langue que Simons, surnommé le « Pagnol du Nord », a appris durant son enfance auprès de ses parents. Elle marque une appartenance régionale forte mais aussi une façon de s’exprimer accessible au public auquel il s’adresse, tout aussi attaché à cette langue.

 

Léopold Simons est né à Lille le 22 février 1901 au n°8 de la rue Bossuet dans le quartier de Moulins comme le mentionne son acte de naissance conservé aux Archives (référence 7E/502). Il est toujours resté attaché à sa ville natale. Il a en effet vécu toute sa vie dans le quartier de Lille Sud, où il a grandi. Il s’est marié à Lille et a également beaucoup fréquenté le quartier du Faubourg de Béthune. La rue du Pôle Nord où il a vécu porte son nom depuis son décès en 1979 [1]. Il est aujourd’hui inhumé dans le cimetière du Sud.

 

 

En hommage à Simons, la rue du Pôle Nord est dénommée rue Simons en 1979.

Archives municipales de Lille - 1D5/1443

 

C’est sur le pas de la porte de l’estaminet tenu par sa maman au n°34 de la rue du faubourg des Postes que Léopold s’essaye au dessin sur des cahiers d’écoliers. Encouragé par son maître de l’école Turgot[2], il s’inscrit à l’école des Beaux-Arts après la Première Guerre mondiale. Il y suit notamment les cours du peintre Pharaon de Winter.

 

Sa carrière commence en 1921 comme dessinateur à l’Echo du Nord[3] . Mais c’est un peu plus tard que le grand public le découvre et se met à apprécier son travail, à partir du moment où il présente ses sketches et ses pièces de théâtre en patois. Parmi les œuvres cinématographiques ou théâtrales qui ont marqué sa carrière, citons par exemples « Zulma en justice » en 1934, « Le fraudeur » en 1937 ou « Les petites enquêtes du père Fichau » en 1963. La plupart de ses œuvres ont été jouées en duo avec l’actrice Line Dariel (1898-1956). Leur duo a marqué plusieurs générations de Lillois, notamment grâce à l’émission « Les carottes sont cuites » diffusée sur Radio PTT Nord. Simons y jouait le rôle d'Alphonse et Line Dariel celui de Zulma. Aujourd’hui encore, un cabaret lillois présente toujours des scénettes reprenant les thèmes chers à ce duo mythique.

 

Le spectacle « Ya tros chints ans à l’Isle in Flandre »

 

 

Couverture du programme dessiné par Léopold Simons

Les Archives municipales conservent dans la sous-série 2I/1 consacrée

aux festivités un dossier relatif à ce spectacle écrit par Simons.

Archives municipales de Lille - 2I1/45

 

 

En 1967, la municipalité d’Augustin Laurent demande à Simons la réalisation d’un spectacle que l’artiste nommera : « Il y a 300 ans… 1667-1967 : divertissement quasi-historique »

Ce spectacle, joué au théâtre Sébastopol à l’occasion du tricentenaire du rattachement de Lille à la France, permet aux Lillois d’en apprendre un peu plus sur l’histoire de leur ville tout en se distrayant. Dans ce spectacle, l’artiste met en avant la vie quotidienne du peuple lillois durant cette période. « Ce que j’aime dans l’Histoire, ce sont surtout les petites histoires. Elles sont plus à notre portée et souvent, moins dénaturée que la Grande » écrit-il dans le programme de son spectacle.

 

Programme du spectacle expliqué par Léopold Simons

Archives municipales de Lille - 2I1/45

 

Ce spectacle remporte un tel succès que Jean Lévy, adjoint au Maire délégué aux affaires culturelles, lui adresse un courrier : « La foule qui emplissait le théâtre Sébastopol n’a cessé de manifester sa joie au cours de la représentation et vous a longuement applaudi à la fin du spectacle… vous avez été récompensé par le très grand succès que vous avez obtenu hier ».

 

Extrait du courrier de Jean Lévy adressé à Léopold Simons le 21 octobre 1967

Archives municipales de Lille - 2I1/45

 

Dessin de Léopold Simons

Archives municipales de Lille - 2I1/45

 

 

Léopold Simons au côté d’Augustin Laurent.

Photographie prise en 1970, peut-être à l’occasion de la remise de la

médaille de la ville à Simons.

Archives municipales de Lille - 4D7/92

 

En 2019, une fresque peinte par Simons a été redécouverte dans les locaux de la chambre de commerce située au cœur de Lille. La valorisation de cette œuvre permettra de faire découvrir ou rédécouvrir les talents de dessinateur de Simons. Il a en effet croqué pendant plusieurs années la vie quotidienne des Lillois qu’il a côtoyés et appréciés. Originaire des quartiers populaires, il a pendant toute sa carrière mis en valeur les habitants de ces quartiers. Il a choisi l’humour pour décrire les situations vécues par ces habitants pas toujours faciles.


 

Pour en savoir plus sur la carrière de Léopold Simons

 

Les Archives ont reçu en 2018 un don de Monsieur M. Gérard Goethals. Collectionneur depuis l'âge de 12 ans, Gérard Goethals a constitué tout au long de sa vie des corpus documentaires sur différents artistes régionaux ou nationaux. C'est ainsi qu'il a constitué une collection autour de l'artiste Léopold Simons. Sa collection se compose d'ouvrages rédigés ou illustrés par Simons, de partitions illustrées par Simons, d'enregistrements sonores et de vidéo. La collection est complétée par des ouvrages ou encore des supports d'expositions réalisés par des associations œuvrant pour faire vivre la mémoire de Léopold Simons.

Vous pouvez consulter en ligne l’inventaire de ce précieux fonds d’archives, qui contient également une collection sur le chansonnier Alexandre Desrousseaux. 

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