La situation militaire de Lille, au mois d’août 1914, est relativement compliquée. Début août, la ville de Lille est déclarée « ville ouverte » et est déclassée par le gouvernement. Cela signifie que la ville ne fait pas partie du système de défense de l’armée française et qu'elle ne sera pas défendue en cas d'attaque.
Cependant plusieurs ordres contradictoires vont être donnés par rapport à cette situation (le 20 août la ville doit être défendue, le 24 août elle est à nouveau ville ouverte...). Les autorités militaires locales reçoivent finalement l'ordre d'évacuer la ville en urgence fin août.
Cette succession d’ordres contradictoires et d’hésitations est à l’origine de la panique et du désordre dans lesquels cette évacuation va avoir lieu : beaucoup d’armes, de matériel, de vivres et même de soldats en cours de mobilisation sont laissés sur place.
Les premières unités allemandes pénètrent en ville au début du mois de septembre. Une délégation se rend à l’Hôtel de Ville et annonce au maire et à l'administration municipale que la ville est occupée à partir de cet instant. Des affiches sont placardées partout dans Lille pour informer la population. Les nouvelles règles sont établies et publiées. Les soldats allemands défilent en ville et occupent les bâtiments publics. Ils tentent également de lever une première contribution de guerre.
Finalement, après trois jours passés à Lille entre les 2 et 5 septembre, les Allemands quittent la ville, non sans avoir réquisitionné une grande partie des vivres conservées dans les magasins généraux. L'armée allemande est en difficulté dans la Marne et a besoin de tous les renforts disponibles.
Entre les 3 et 7 octobre, les combats sont intenses entre l’armée allemande et les unités alliées encore basées à Lille et dans les communes environnantes. Les 8 et 9 octobre, les dernières troupes qui stationnent à Lille reçoivent l’ordre de quitter les lieux pour aller renforcer les défenses de Lens et Arras notamment. Cette mesure, prise dans l’urgence, est compliquée à mettre en place. Finalement, environ 3000 hommes sous les ordres du commandant de Pardieu doivent rester sur place.
Entre les 10 et 12 octobre, les défenseurs de Lille vont devoir faire face aux assauts répétés de l’armée allemande ainsi qu'à d’intenses bombardements particulièrement destructeurs. Les pompiers ne sont pas en mesure de limiter les incendies déclenchés par ces bombardements car la ville n’est plus ravitaillée en eau. Durant ces trois jours, plus de 2000 maisons ou immeubles sont détruits. Les quartiers les plus touchés sont les faubourgs industriels, notamment Fives, ainsi que le centre ville, en particulier le quartier de la gare où 13 hectares d’immeubles sont rasés, surtout dans les rues Faidherbe, de Tournai, du Molinel, de Paris, Neuve et de Béthune. Ces bombardements provoquent la mort de plus de 200 civils tandis que 300 autres sont blessés plus ou moins grièvement.
Dès le 13 octobre, la population est informée par affichage d’un message du maire Charles Delesalle du début de l’occupation de la ville.
C’est la 6ème armée qui prend possession de la ville et son commandement s’installe à la préfecture.
Débutent alors quatre années d'une occupation très difficile, qui marquera durablement la ville et sa population.Conception et textes : Archives municipales de Lille
Numérisation des documents : Archives municipales de Lille