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Biographie ou Histoire
Comme partout en Europe, lorsque la presse lilloise annonce l'attentat qui a coûté la vie à l'archiduc héritier François Ferdinand d'Autriche, le 28 juin 1914 à Sarajevo, la nouvelle ne fait pas grand bruit. Personne ne se doute des répercussions internationales et catastrophiques que l'événement va occasionner. Depuis quelques temps, la ville de Lille est plutôt agitée par des débats locaux. Elle est le théâtre de luttes politiques, exacerbées par les commémorations organisées à l'occasion du septième centenaire de la bataille de Bouvines. Il faut finalement attendre l'annonce de l'ultimatum de l'Autriche à la Serbie le 24 juillet pour que l'inquiétude s'installe peu à peu. Les journaux parlent de « paix menacée », les rumeurs de mobilisation commencent à se répandre, les permissions sont annulées et les premières réquisitions de chevaux sont mises en place. Tout cela provoque l'inquiétude de la population qui commence notamment à retirer massivement son argent des banques et à faire des provisions pour prévenir l'augmentation future du prix des denrées.
Ainsi, lorsque le maire Charles Delesalle annonce l'ordre de mobilisation le 1er août, la population y est déjà préparée et, bien que la nouvelle soit loin d'être réjouissante, c'est finalement une sorte de soulagement lié à la fin de l'attente et de l'incertitude. L'annonce ne provoque pas particulièrement de réaction patriotique ou nationaliste dans la ville malgré quelques slogans anti-allemands et quelques actes de vandalisme envers les magasins tenus par des propriétaires allemands ou supposés allemands mais qui restent très marginaux. La population est résignée et les premiers départs de soldats mobilisés ont lieu le lendemain dans le calme.
Militairement, la situation de Lille au mois d'août 1914 est relativement compliquée.Début août, la ville est déclarée « ville ouverte » et est déclassée par le gouvernement. Concrètement, cela signifie que la ville ne fait pas partie du système de défense de l'armée française, que la plupart des moyens et des militaires qu'elle abrite sont délocalisés vers d'autres villes (en premier lieu Maubeuge, Dunkerque et Paris) et qu'elle ne sera pas défendue en cas d'attaque. Le 4 août, le Gouverneur militaire d'alors, le général Franchet d'Esperey, reçoit une nouvelle affectation tout comme son état-major qui est dissous. Pour le remplacer, le gouvernement nomme le général Percin qui prend ses fonctions à Lille le 5 août. Lors de son arrivée, le général ne semble pas réellement au courant de la situation militaire de la ville et pense que la défense est possible à condition de stopper immédiatement l'évacuation des moyens militaires. La situation reste floue tout au long du mois d'août, pendant que l'armée allemande poursuit son invasion de la Belgique et remporte plusieurs succès militaires.
Si à partir du 20 août, le général Percin reçoit l'ordre de mettre en place la défense de la ville, un contrordre arrive le 24 août : il reçoit finalement l'ordre d'évacuer militairement la ville qui est à nouveau déclarée ville ouverte. Cette succession d'ordres contradictoires et d'hésitations est à l'origine de la panique et du désordre dans lesquels cette évacuation va avoir lieu : beaucoup d'armes, de matériel, de vivres et même de soldats en cours de mobilisation sont laissés sur place (pour cette période voir notamment les notes journalières en 4H/6).
En fait, la situation de la ville de Lille et les rebondissements décrits ci-dessus découlent principalement des difficultés naturellement provoquées sur tout le territoire par l'entrée en guerre, notamment en terme de communication et de transmission des ordres. Elle résulte aussi de moyens de défense trop limités qui conduisent vraisemblablement la municipalité à chercher à éviter une résistance vaine qui aurait pu coûter très cher en pertes humaines et en destructions matérielles.
C'est la 6e armée qui prend possession de la ville et son commandement s'installe à la préfecture. Fin octobre, le général von Heinrich prend ses quartiers en tant que gouverneur. Dans le même temps, le général von Graevenitz prend le commandement de la Kommandantur qui s'est installée dans l'immeuble du Crédit du Nord, rue Jean Roisin. Jusqu'en 1916, c'est ce pouvoir à deux têtes qui incarnera l'occupation allemandeà Lille. Cette organisation est typique du mode d'occupation exercé par l'armée allemande dans tous les territoires passés sous son contrôle. Von Heinrich, en tant que gouverneur de la ville, commande les forces d'occupation tandis que von Graevenitz gère les rapports entre la population civile et l'occupant. Le personnel de la Kommandantur est composé de fonctionnaires et de gendarmes. Les premiers s'occupent en particulier des hôpitaux et des magasins alors que les gendarmes règlent les affaires de circulation (délivrance des laissez-passer notamment), organisent et participent aux réquisitions, répriment les fraudes et surveillent la population. C'est également à la Kommandantur que se tient presque quotidiennement une réunion à laquelle participent notamment le maire et l'évêque de Lille, le préfet du Nord et le gouverneur von Heinrich (voir le dossier 4H/64 pour les comptes rendus de ces réunions). Beaucoup d'autres bâtiments publics ou de grands immeubles privés sont également réquisitionnés par les Allemands. Dès son arrivée, l'occupant réquisitionne les locaux et le matériel de l'Echo du Nord sur la Grand Place (actuellement La Voix du Nord) afin de lancer la publication du Lillerkriegzeitung, un journal en allemand destiné aux troupes (voir notamment le dossier 4H/427 pour un exemplaire de ce journal).
La police militaire, avec à sa tête le capitaine Himmel, s'installe également rue Nationale, tandis que la Citadelle est utilisée comme prison. La poste allemande est installée dans les locaux de l'actuelle Chambre de Commerce et de l'Industrie. De même, la gare, la mairie en partie, les abattoirs, les magasins généraux, les casernes et tous les transports urbains sont également réquisitionnés et occupés.
Lille, de part sa position par rapport à la ligne de front, devient une zone de repos pour soldats allemands en permission et un lieu de passage pour ceux qui partent au combat. C'est pourquoi les Allemands vont rapidement développer une vie culturelle assez importante. L'opéra, qui n'est pas encore tout à fait terminé, (le précédent opéra a été détruit par un incendie en 1903 et la reconstruction a débuté en 1907), est réquisitionné et équipé avec une partie du mobilier pris au théâtre Sébastopol. Une centaine de représentations de théâtre et d'opéra allemands y seront données au cours des quatre années d'occupation. Un cinéma allemand est ouvert rue Esquermoise. Des casinos, pour officiers ou pour simples soldats, sont ouverts rue Nationale et rue Neuve. A cela viennent s'ajouter de nombreuses boutiques ouvertes et tenues par des civils allemands, des concerts donnés dans les rues et les squares, une buvette allemande au milieu de la Grand Place, de nombreux estaminets et restaurants réservés aux militaires allemands.
Lille est rapidement profondément transformée et la population se sent dépossédée de sa ville.
La période de l'occupation allemande est très difficile pour la population lilloise. Durant quatre années, celle-ci subit le rationnement et les nombreuses privations, la peur des arrestations, des exécutions ou des déportations ainsi que toute une série de privations de liberté, notamment celle de circuler, et de frustrations diverses.
Cette situation entraîne un sentiment de honte et d'humiliation, largement entretenu par les défilés de soldats français prisonniers, régulièrement forcés de défiler dans le centre ville. De plus, dès octobre 1914 et durant toute l'occupation, la ville et sa population sont totalement coupées du reste du monde. Chaque déplacement est soumis à la délivrance d'un laissez-passer difficile à obtenir et le courrier n'est plus distribué, ce qui constitue encore une source d'angoisse et d'isolement supplémentaires notamment pour les familles déjà séparées par les événements du début du conflit et l'exode déclenché par les premières avancées de l'armée allemande. Très rapidement, les Allemands réclament à la ville des contributions de guerre et des frais d'occupation extrêmement élevés. La ville de Lille est en effet perçue comme très riche et, à ce titre, est encore plus mise à contribution que la plupart des autres villes occupées.
L'autorité allemande procède par ailleurs au recensement méticuleux de toutes les matières premières présentes sur place, de tous les animaux et d'une manière générale, de tout ce qui peut se révéler utile pour l'armée ou qui pourra être envoyé en Allemagne par la suite (à partir de 1915). Ces recensements concernent aussi bien les entreprises qui doivent fournir régulièrement un état précis de leurs stocks que les particuliers qui doivent déclarer tout type de biens qu'ils possèdent : objets métalliques, matelas, linge, meubles, bois... . Ces recensements conduisent au placardage d'ordres de réquisitions qui sont publiés quasi quotidiennement et auxquels chacun doit se soumettre sous peine de devoir payer de lourdes amendes ou de subir des peines d'emprisonnement.
Soumise à de nombreuses privations, la population lilloise vit également dans une angoisse constante : celle de se faire arrêter, emprisonner voire même exécuter. En effet, l'autorité allemande souhaite d'emblée briser toute volonté de résistance ou d'espionnage de la part des Lillois. Les premiers affichages donnent tout de suite le ton en menaçant de peine de mort toute personne qui cacherait ou aiderait des membres des troupes ennemies de l'Allemagne, ainsi que tout civil qui cacherait des armes ou des munitions. La liste des motifs de condamnation est longue et en évolution constante.
De plus, les Allemands ont fait dresser, dès le début de la guerre une liste de 60 otages, des notables de la ville et des communes alentours, qui doivent passer la nuit à tour de rôle à la Citadelle ou pointer à la Kommandantur selon les périodes ; ceux-ci étant bien sûr menacés de représailles au moindre incident.
Ce climat de peur ne va pourtant pas empêcher quelques actes de résistance. A Lille, trois noms sont particulièrement rentrés dans l'histoire pour des faits de résistance : Eugène Jacquet (et tout le « Comité Jacquet »), Louise de Bettignies et Léon Trulin. Leurs actes d'opposition à l'occupant allemand ont laissé des traces dans le fonds d'archives.
L'année 1916 a tout d'abord été marquée par deux événements qui, s'ils ne sont, a priori, pas directement liés à des faits de guerre, n'en restent cependant pas moins tragiques.
Le premier événement a lieu dans la nuit du 10 au 11 janvier 1916 avec l'explosion du dépôt de munitions des 18 ponts (voir notamment le dossier 4H/72), dans le quartier Moulins, réquisitionné par les Allemands. Dans la nuit du 10 au 11 janvier vers 3h30 du matin, le dépôt explose. La déflagration est énorme (elle a même été entendue jusqu'aux Pays-Bas) et en quelques secondes, c'est tout un quartier qui est détruit. Le dépôt a totalement disparu pour laisser place à un immense cratère de 150 mètres de diamètre et environ 30 mètres de profondeur. 21 usines et plus de 700 maisons sont totalement soufflées et des centaines d'autres voient leurs vitres brisées ou leurs toitures endommagées. On dénombre une centaine de morts et plus de 400 blessés plus ou moins gravement. Cette explosion est très traumatisante pour la population : de nombreux habitants se retrouvent partiellement ou totalement sans abri, sans nourriture ni vêtement (en plein hiver) et sans aucune ressource, ce qui provoquera une vague de demandes de secours supplémentaires auprès de la municipalité, déjà débordée et ruinée.
Face à cette tragédie, Allemands et Français unissent momentanément leurs efforts. Pompiers de Lille et soldats allemands travaillent ensemble à la recherche des victimes et au déblaiement des ruines. L'autorité allemande tient à exprimer sa solidarité aux sinistrés, la plupart des officiers, dont von Heinrich et von Grevenitz, participeront d'ailleurs aux obsèques organisées par la Ville et le prince Rupprecht de Bavière y est également représenté. Les Allemands, croyant d'abord à une action de sabotage, ont mené l'enquête avec la ferme intention de trouver les coupables, mais sans succès. Il a ensuite été question d'un bombardement britannique, mais aucun avion n'a été repéré dans le ciel cette nuit là. Finalement la cause de l'explosion n'a jamais pu être identifiée.
C'est dans la soirée du 23 avril 1916, vers 21h30 qu'a lieu le second événement marquant : l'incendie de l'Hôtel de Ville (voir notamment le dossier 4H183). La mairie était à cette époque installée dans le palais Rihour, qui a été en grande partie détruit lors de cet incendie. En raison du couvre-feu, ce sont les Allemands qui arrivent en premier sur les lieux du drame, rapidement rejoints par la suite par les pompiers lillois. L'incendie se propage rapidement et ne peut être combattu efficacement en raison des problèmes de ravitaillement en eau. En plus de la perte de la plupart des documents d'usage courant, la quasi-totalité des archives du 19ème siècle et une partie des collections de la bibliothèque disparaissent à cette occasion. Là encore, et malgré une enquête rigoureuse menée par l'occupant, les causes de l'accident ne pourront pas être déterminées. Les services municipaux doivent être temporairement répartis en différents lieux de la ville, entre le boulevard de la Liberté, la Préfecture et la rue Gambetta. La construction de l'actuel Hôtel de Ville, implanté dans le quartier Saint-Sauveur, ne sera lancée qu'au lendemain de la guerre, sous la direction de l'architecte lillois Émile Dubuisson. Mais si l'année 1916 a été si difficile c'est aussi car des mesures de plus en plus strictes sont prises par les Allemands à tous niveaux et que le manque de ravitaillement se fait de plus en plus sentir tant en ce qui concerne la nourriture que le charbon et toutes les matières premières en général.
C'est également au cours de cette année qu'ont lieu les déportations les plus nombreuses. Les Allemands justifient de plusieurs manières ces déportations qui ont à l'époque choqué l'opinion publique, même en France non-occupée, où les nouvelles ont fini par arriver. Depuis le début de la guerre, et notamment suite à l'invasion de l'Alsace-Lorraine par l'armée française, la plupart des fonctionnaires allemands présents et leur famille ont été fait prisonniers et internés dans des camps en France. Pour faire pression sur le gouvernement français afin qu'il organise le retour de ces prisonniers, les Allemands décident de déporter, en plusieurs vagues successives, plusieurs milliers de civils du Nord. Chaque gouvernement use de la propagande pour prouver qu'il est dans son droit et pour justifier ces mesures prises à l'encontre de civils. Cependant, ce qui choque le plus à Lille, c'est la méthode utilisée qui s'apparente souvent à de véritables rafles.
En avril 1916, l'autorité allemande procède à une série d'arrestations et de déportations massives dont les cibles sont en majorité des femmes et des jeunes filles. Au cours de la nuit qui précède le dimanche de Pâques, plusieurs quartiers lillois sont entièrement bouclés par l'armée allemande et cernés par des mitrailleuses. Les soldats frappent à toutes les portes des habitations et demandent à voir tous les résidents de chaque foyer. Ils désignent alors toutes les personnes qui doivent se préparer à partir immédiatement. Jeunes adolescents, femmes et personnes âgées sont sélectionnés sans distinction, du moment qu'ils sont en état de marcher. Malgré les nombreuses protestations des habitants, les soldats sont intransigeants et les ordres sont respectés à la lettre sans aucune concession. La méthode et la précipitation choquent, les habitants sont traumatisés et effrayés par le manque d'information sur la destination et les conditions de ce départ. Les prisonniers sont évacués, dans des conditions de transport très difficiles vers des camps dans l'Aisne et les Ardennes pour effectuer sous la contrainte des travaux agricoles et parfois militaires selon certains témoignages (en contradiction avec la convention de La Haye). Une première partie des déportés reviendront à Lille, très affaiblis, en octobre 1916. Cette opération menée par l'autorité militaire allemande provoque une vague de réactions indignées de la part de toute la population lilloise et en particulier celle de nombreux notables qui adressent des lettres de protestations à la Kommandantur.
Ces événements, qui interviennent après deux ans d'une occupation de plus en plus répressive, provoquent un affaiblissement physique et moral dans toute la population lilloise. L'espoir d'une occupation de courte durée et d'une victoire imminente disparaît, l'issue semble plus que jamais incertaine.
En 1917 et 1918, les conditions de vie des Lillois se détériorent encore davantage sous la pression de l'occupant.
L'Allemagne qui subit un blocus efficace de la part des alliés, manque de tout et l'occupant réquisitionne papiers, tissus, matelas. Le ravitaillement devient également de plus en plus un problème. La place de l'agriculture est toujours plus réduite par les opérations militaires, les rations diminuent et les produits sont de moins en moins bonne qualité. La ration de pain est par exemple fixée entre 300 et 500 grammes par jour et par personne. Dans le même temps, les rations d'autres aliments tels que le lait, la viande ou les œufs diminuent fortement pour finir par disparaître à peu près totalement. Les Lillois en sont réduits à se reporter sur d'autres produits telles que les orties par exemple dont le prix de vente est directement fixé par la Kommandantur. Dès le début de la guerre, la municipalité se soucie du ravitaillement de la population. Elle débloque des crédits spécifiques et chaque conseil municipal accorde une large part à la question de la subsistance des Lillois. Mais la municipalité, sous contrôle de l'autorité allemande, ne parvient pas à couvrir les besoins de la population. C'est donc surtout grâce à l'aide des comités de secours et d'alimentation mis en place par les nations neutres, comme le comité hispano-américain puis, après l'entrée en guerre des États-Unis, le comité hollandais, que la population parvient à survivre. C'est notamment avec leur distribution régulière de produits tels que le riz ou les matières grasses que les habitants peuvent se nourrir.
Les restrictions concernent également les sources d'énergie. Le gaz est strictement rationné et son utilisation est interdite par l'occupant pour la cuisine et le chauffage. Le pétrole et les bougies sont introuvables et la ville vit donc au rythme du soleil. Le charbon est très difficile à se procurer et la ration est limitée à 300 kilos par mois et par famille ce qui est insuffisant pour se chauffer l'hiver.
Au-delà du manque de confort, ces restrictions sont aussi la source du développement de multiples épidémies qui se répandent rapidement du fait des organismes très affaiblis. La dysenterie, le typhus, mais surtout la tuberculose causent de terribles ravages au sein des populations les plus fragiles (les jeunes et les personnes âgées) et les médecins sont démunis face à la situation. Des maladies directement liées à la malnutrition comme le scorbut se propagent également rapidement. La mortalité générale de la population double entre 1914 et 1918 tandis que le taux de natalité est en chute libre.
Socialement, la situation est aussi catastrophique. Les enfants sont de moins en moins scolarisés et vagabondent, notamment pour tenter de voler des provisions dans les jardins ou dans les hangars de ravitaillement. La mendicité, la prostitution et la vente de produits « sous le manteau » sont en plein essor. La municipalité tente de réagir face à la situation en prenant des mesures d'urgence. Elle organise des distributions de denrées gratuites aux plus modestes et tente d'organiser au mieux la distribution et la répartition du charbon. Pour reloger les nombreuses victimes des bombardements et de l'explosion des 18 ponts notamment, ainsi que les évacués du front, la mairie réquisitionne les logements vacants. Elle encourage également les parents à laisser partir leurs enfants en « colonie », principalement aux Pays-Bas, où ils sont accueillis, soignés et nourris suite à une initiative privée. Certaines personnes, parmi les plus pauvres et les plus fragiles sont aussi autorisées par l'occupant à quitter la ville.
Au cours du printemps 1918, l'armée allemande tente dans un dernier effort de percer le front des Flandres. Durant cette période, Lille accueille avec inquiétude de nombreuses nouvelles troupes. Cependant cette situation sera de courte durée puisque la contre-offensive alliée a lieu dès le début juillet, et à partir de la fin du mois d'août l'armée allemande ne fait plus que perdre du terrain jusqu'à la défaite. C'est à partir du mois de septembre que la population lilloise sent que les choses sont en train de changer et que la victoire des alliés se dessine peu à peu. La désorganisation et le manque de discipline commencent à se faire sentir dans les rangs allemands. La situation militaire ne permet plus de douter de la défaite imminente et le pessimisme et le refus d'obéir s'expriment ouvertement. Fin septembre l'état-major de la VIe armée quitte définitivement Lille (en même tant que la troupe de comédiens allemands qui était venue s'installer à l'opéra au début de la guerre). Des moyens de défense (barbelés, tranchés&) ont bien été mis en place autour de la ville mais l'armée allemande ne semble pas prête à défendre Lille à tout prix et demandent d'ailleurs aux alliés de ne pas bombarder la ville.
Début octobre, la nouvelle circule à Lille que le chancelier allemand est en train de demander les conditions d'un armistice, les Lillois sont dans l'attente. Finalement une dernière affiche est placardée dans la ville le 16 octobre, celle-ci impose un couvre-feu général entre 20h et 8h. Cette dernière décision est signée par Nehles, qui n'est que capitaine, mais qui devait donc être le plus gradé à ce moment-là dans la ville. Le 17 octobre, les Lillois constatent à leur réveil que l'armée allemande est partie, mettant ainsi fin aux quatre années d'occupation. Toutes les cloches qui n'avaient pas été enlevées se mettent à sonner dans la ville.
Dans la matinée, le fils du maire de Lille, le capitaine Carl Delesalle, atterrit sur l'Esplanade. Il est symboliquement le premier militaire français à rentrer dans la ville fraîchement délivrée. Les troupes britanniques du général Birdwood font finalement leur entrée dans la ville, non sans difficulté puisque les Allemands ont pris la peine de détruire tous les ponts, voies ferrées, routes et d'une manière générale tous les points d'accès avant leur départ. La population leur réserve bien entendu un accueil mémorable et le cortège qui remonte triomphalement la rue Nationale est accueilli sur la Grand Place par une foule en liesse qui chante la Marseillaise.
Dès le 18 octobre, le président du Conseil, Georges Clémenceau est reçu à la mairie et à la préfecture. Il salue le retour de la ville dans le giron français et le courage des Lillois qui ont tant subi au cours de ces quatre ans d'occupation. Le 20 octobre, le maire de Lille est ovationné à Paris, place de la Concorde, devant la statue de la ville de Lille. Le 21, il est de retour à Lille, accompagné par le président de la République Raymond Poincaré qui lui remet à cette occasion la légion d'honneur. C'est le 28 octobre qu'a lieu la réception solennelle de la division du général Birdwood, là encore devant une foule en liesse. Le général est fait citoyen d'honneur de la ville de Lille. Par la suite de nombreuses visites officielles ont lieu, parmi lesquelles celles du général Pétain, du maréchal Foch ou encore du roi Georges V d'Angleterre.
Lille peut enfin savourer la victoire et sa liberté retrouvée, même si cette joie est teintée d'amertume : la ville ressort de la guerre en partie détruite, ruinée et vidée d'une grande partie de sa population.
Modalités d'entrées
Versements non datés aux Archives municipales pour les archives publiques.
Dons successifs pour les archives privées.
Présentation du contenu
Contrairement à ce que prévoit le cadre de classement des archives communales, la sous série 4H lilloise ne renferme pas que des dossiers relatifs aux affaires militaires.
Il constitue en réalité le socle des sources de la Première Guerre mondiale puisque les archivistes du XXe siècle ont fait le choix de regrouper dans cette série la majeure partie des archives relatives à la vie administrative, aux relations avec l'occupant allemand et à la vie quotidienne des Lillois entre 1914 et 1918.
Accroissements
La sous-série est close et ne connaîtra pas de nouveaux accroissements à l'avenir.
Mode de classement
La sous-série a été intégralement reclassée en 2013. Les descriptions ont été révisées et normalisées. Un plan de classement thématique a été créé. L'instrument de recherche final est un répertoire méthodique.
Conditions d'accès
Communicable
Conditions d'utilisation
Les documents sont librement communicables et consultables dans notre salle de lecture. Cependant, pour certains documents, en raison de leur taille trop imposante ou de leur fragilité, la communication d'une copie numérique sera privilégiée. Les documents ayant fait l'objet d'une numérisation sont également consultables en ligne (archives.lille.fr; rubrique Rechercher dans les fonds).
Sur le principe, la totalité des documents peuvent être réutilisés pour tout projet culturel (exposition, publication, documentaire&) à vocation commerciale ou non. Chaque projet devra néanmoins faire l'objet d'une présentation préalable au service des Archives. Dans tous les cas, il est nécessaire de vous rapprocher du président de salle de lecture ou de contacter le service avant d'entamer toute démarche.
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Autre instrument de recherche
L'ensemble des sources concernant la Première Guerre mondiale conservées par les Archives municipales de Lille ont fait l'objet d'un guide des sources publié en 2014 et disponible en ligne.
Documents en relation
Afin de permettre au chercheur une connaissance exhaustive des sources relatives à la Première Guerre mondiale conservées aux Archives municipales de Lille, un guide des sources a été publié en 2014. Il est consultable sur le site internet des Archives municipales de Lille : guide des sources de la Première Guerre mondiale(Archives municipales de Lille, 2014)
Notes
Publié sur FranceArchives.
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Description physique
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