1088 : la donation de l'autel de Gits
La donation de l'autel de Gits à la collégiale Saint-Pierre de Lille est le plus ancien document conservé aux Archives municipales de Lille, mais ce n'est pas sa seule particularité...
Les premières mentions écrites de Lille

La plupart des Lillois connaissent la légende : c'est Lydéric qui, pour venger ses parents assassinés par le géant Phinaert aurait tué ce dernier au cours d'un duel et aurait ainsi récupéré ses terres en Flandre. C'est là qu'il aurait fondé la ville de Lille aux alentours du 7ème siècle. Cependant, il faut attendre le 11ème siècle pour voir apparaitre les premières références à la ville dans les archives.
Le service des Archives municipales de Lille conserve l'un des plus anciens documents mentionnant le nom de Lille : la donation de l'autel de Gits à la collégiale Saint-Pierre, rédigé en 1088.
Le développement de la collégiale Saint-Pierre
A cette époque, Lille est une petite ville entourée de remparts, organisée autour d'un château (à la place de l'actuelle cathédrale de la Treille), d'un marché et d'un port. La cité commence à se développer grâce au commerce de la laine et de la collégiale Saint-Pierre.
Cette grande église est mentionnée pour la première fois en 1066 dans une charte de dotation établie par Baudoin V, comte de Flandre de l'époque (ce document est conservé aux Archives départementales du Nord).
Au fil des siècles et des dotations successives qui lui seront allouées, la collégiale deviendra une église très riche et puissante et contribuera au développement de Lille.
Détruite à la suite du siège de la ville par les autrichiens en 1792, il ne subsiste aujourd'hui que sa crypte, située sous le Palais de Justice.
Les spécificités de la donation de l'autel de Gits

Le document est une donation, comme la collégiale en a reçu beaucoup au cours de son histoire.
L'évêque de Tournai, Radbod, décide de faire don à la collégiale Saint-Pierre de tous les terres et des revenus de l'église de Gits, une petite ville située en Belgique.
L'acte est rédigé sur parchemin dans l'écriture de l'époque, la minuscule caroline et en latin.
C'est le terme "islensis" qui signifie "de Lille" qui marque l'une des premières références écrites à la ville. Le document reste aujourd'hui parfaitement lisible et dans un état de conservation plutôt satisfaisant. Seul le sceau qui l'ornait à l'origine a été perdu avec le temps.
En l'observant plus précisément, on constate la présence d'une phrase inscrite à la verticale sur le coté. Les lettres de cette phrase semblent cependant coupées en leur moitié. Ce n'est pas une détérioration malheureuse qui en est à l'origine mais bien un acte volontaire.
Le document est ce qu'on appelle un chyrographe. Puisqu'il s'agit d'un contrat passé entre l'évêque de Tournai et la collégiale Saint-Pierre, il fallait en effet assurer sa pérennité et sa valeur juridique au cours du temps. L'acte a donc été rédigé deux fois sur la même feuille de parchemin et séparé par cette phrase écrite à la verticale.
Puis les deux parties ont été découpées et remises à chacun des contractants.
En cas de litige par la suite, il suffisait d'assembler les deux textes et de reconstituer ainsi la phrase verticale : la véracité du document était alors démontrée.
Plus ancienne pièce conservée par les Archives municipales de Lille, ce document reste aujourd'hui un témoignage très important des débuts de l'histoire de la ville.
Même si pour en assurer sa conservation il n'est pas communicable en salle de lecture, il est possible de découvrir l'original lors des visites et expositions organisées par le service, notamment pour les Journées du Patrimoine.