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1235 : la charte de Jeanne de Flandre

La charte de municipalité accordée à la ville de Lille par la comtesse Jeanne de Flandre est l'un des documents majeurs conservés par les Archives municipales. Celle-ci a organisé le pouvoir communal à partir de 1235 jusqu'à la Révolution de 1789. 

Jeanne de Flandre est la fille de Baudouin IX, comte de Flandre. Parti en croisade, ce dernier est nommé Empereur de Constantinople et meurt en Bulgarie en 1205.


Jeanne sous protection du roi de France Philippe Auguste, hérite du comté de Flandre. Le roi de France lui fait épouser Ferrand du Portugal.

Mais Ferrand trahit le roi de France en s’alliant à Otton IV, l' Empereur germanique, et au roi d’Angleterre, Jean sans Terre. Battu à Bouvines le 27 juillet 1214, Ferrand est fait prisonnier, Jeanne gouverne seule.


Une charte pour clarifier l'organisation de la cité et réaffirmer la suzeraineté des Comtes de Flandre

Durant son règne, la comtesse fut très attachée au développement de municipalités dans les villes et bourgs de Flandre.

En 1235, la comtesse concède une charte à la ville de Lille pour préciser le mode de nomination des responsables de la vie urbaine.


En effet, il existait déjà à Lille une organisation pour la gestion de la cité. Faute de document il n'est pas possible de savoir exactement quand celle-ci avait été mise en place. En effet, l'incendie de la ville en 1214 par les troupes de Philippe Auguste a sans doute détruit les archives de la ville.

Jusqu’en 1235, les 12 échevins, nommés à vie par le comte étaient en fait désignés par cooptation. Pratiquement, c'est une petite oligarchie de marchands qui contrôlait effectivement la cité.

Paradoxalement, la charte, qui octroie une certaine liberté à la cité, a surtout comme objectif de clarifier une organisation qui dans les faits échappe au contrôle de la comtesse. La charte renforce ainsi son pouvoir.

Gravure représentant l'octroi de la charte de Lille - Extrait de : VAN HENDE, Lille et ses institutions communales de 620 à 1804, Lille, 1888 - Archives municipales de Lille - BH/480
Gravure représentant l'octroi de la charte de Lille - Extrait de : VAN HENDE, Lille et ses institutions communales de 620 à 1804, Lille, 1888 - Archives municipales de Lille - BH/480

Cette charte est rédigée dix ans après la révolte de 1225. Cette anné là, la Ville avait  pris le parti du "faux Baudouin", un saltimbanque qui se disait être le comte Baudouin, père de Jeanne de Flandre, de retour vivant des croisades et qui revendiquait son titre. La comtesse avait du s’enfuir de Lille.


Le faux Baudouin démasqué et executé, le comté apaisé, Jeanne veut ainsi assurer la paix sociale dans sa résidence favorite et éviter le retour des troubles qui menacent son pouvoir.

Charte de Jeanne de Flandres - Archives municipales de Lille - PAT/2/2

Charte de Jeanne de Flandres - Archives municipales de Lille - PAT/2/2


Le contenu de la charte

Réaffirmer la suzeraineté de la comtesse sur la ville par la confirmation des libertés octroyées à la cité, voila toute la subtilité de ce document qui organise une administration communale qui perdurera près de 600 ans jusqu'à la Révolution.

Le Magistrat se compose d'un conseil échevinal comprenant 25 membres répartis comme suit:

  • 12 échevins sont désignés par la comtesse, chaque année, le jour de la Toussaint après avoir pris conseils des 4 curés de Lille. Ces échevins sont présidés par le Mayeur, chef de la justice et des finances.
  • 4 Voir-jurés, gardiens de la Loi et des franchises
  • 8 jurés
  • Les échevins nomment le rewart, chargé de l'exécution des ordonnances de l'Echevinage. Il prête serment au nom de la Ville au gouverneur.

Le Magistrat comprend de plus:

  • Les Huit hommes, chargés de répartir l'impôt
  • 5 paiseurs, qui apaisent les querelles entre particuliers
  • 4 trésoriers ou comtes de la Hanse qui sont chargés de la gestion des finances communales.

Les précautions sont prises pour éviter la formation d’une oligarchie et assurer une rotation rapide des familles:

  • On ne peut être de nouveau échevin qu’après un délais de 3 ans.
  • Il est interdit à des parents (même cousin germain) de figurer dans le même échevinage.

Dans les faits, ce sont tout de même les grands bourgeois qui sont désignés. 

Le document

La charte est rédigée sur vélin (parchemin de grande qualité fabriqué à partir de peau de veau mort né), dans une pure écriture gothique.
Le sceau en cire verte de la comtesse de Flandre marque sa puissance militaire et temporelle : elle y est représentée en cavalier.
Le sceau de l'échevinage, une fleur de lys, est l'une des traces les plus anciennes des armes de Lille.

Sceau de la ville en cire verte brunie représentant la fleur de lys accostée à dextre d'un lion. La légende complète est SIGILL : SCABINORUM : ILLENTIUM - Archives municipales de Lille - PAT/2/2
Sceau de la ville en cire verte brunie représentant la fleur de lys accostée à dextre d'un lion. La légende complète est SIGILL : SCABINORUM : ILLENTIUM - Archives municipales de Lille - PAT/2/2
Sceau de Jeanne de Flandre. La légende sur le pourtour indique l’identité de la personne : S [sigillum] .IOHANNE COMITISSE :  FLANDRE :  ET.HAINOIE (Sceau de Jeanne comtesse de Flandre et de Hainaut) ] Le sceau ici représenté provient du document coté 169/3750. Le sceau de la comtesse appendu à la charte étant en partie effacé - Archives municipales de Lille - PAT/2/2
Sceau de Jeanne de Flandre. La légende sur le pourtour indique l’identité de la personne : S [sigillum] .IOHANNE COMITISSE : FLANDRE : ET.HAINOIE (Sceau de Jeanne comtesse de Flandre et de Hainaut) ] Le sceau ici représenté provient du document coté 169/3750. Le sceau de la comtesse appendu à la charte étant en partie effacé - Archives municipales de Lille - PAT/2/2

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