1995-1997 : en route pour les JO 2004 !
Les Jeux Olympiques de Paris 2024 sont l’occasion de rappeler qu’il y a une trentaine d’années, la Ville de Lille s’est lancée dans le projet fou d’être candidate pour l’accueil des Jeux de 2004.
C’est l’organisation de cette candidature, ainsi que cette aventure olympique, engagée au début des années 1990 et qui s’est terminée en 1997, que nous vous proposons de découvrir dans ce document du moment.
Une candidature lilloise, régionale et nationale
Le 24 juin 1995, à l’occasion de la Coupe d’Europe d’athlétisme qui se déroule au Stadium Nord à Villeneuve d’Ascq, Pierre Mauroy, maire de Lille, annonce la candidature de la Ville de Lille aux Jeux Olympiques de 2004 : « Je suis convaincu que le moment est venu pour les forces politiques, économiques, sportives et culturelles de s’associer pleinement au projet de Lille-Europe-Olympique 2004. Je déclare solennellement la candidature de Lille aux Jeux olympiques de 2004. Je m’engage à tout mettre en œuvre pour assurer le succès de ce merveilleux projet. »
Cette candidature, imaginée et réfléchie depuis déjà deux ans, est le reflet d’une volonté d’accroître le rayonnement de la Ville, de la Métropole mais aussi de la région Nord-Pas-de-Calais à l’international. Elle permet également de redynamiser et de redorer l’image de la région, victime du déclin de l’industrie minière, métallurgique et textile, qui a marqué la fin des années 1980 et le début des années 1990 : « Cette candidature sera possible grâce à l’appui de toutes les villes de la région : Roubaix, Tourcoing, Villeneuve-d’Ascq, Armentières, Arras, Douai, Lens, Liévin, Valenciennes et tout le littoral. Elle sera possible avec l’appui des départements du Nord et du Pas-de-Calais, elle sera possible grâce à l’appui de la région toute entière.»
Le Comité de candidature qui se met en place pour présenter cette candidature est composé de nombreuses personnalités issues d’horizons variés (monde politique, économique, sportif…), parmi lesquelles Pierre Mauroy, Maire de Lille et Sénateur du Nord, Bruno Bonduelle, président d’un groupe agroalimentaire nordiste, et Francis Ampe, directeur de l’Agence d’urbanisme de Lille. Ce dernier est également le président de Lille-Europe-Olympique 2004 (LEO 2004), association créée dans le cadre du Comité Grand Lille, qui gère, organise et porte la candidature de Lille.
Marie-Josée Pérec, championne olympique française d’athlétisme en 1992, devient également la marraine de cette candidature.
En parallèle, une autre ville française se porte candidate pour les Jeux Olympiques de 2004 : Lyon, sous l’égide de son maire Raymond Barre, souhaite aussi tenter l’aventure olympique.
Mais le 7 novembre 1995, Lille est choisie par le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF), afin de représenter officiellement la France pour les Jeux Olympiques de 2004. Le dossier lillois, par sa solidité, l'a emporté sur la candidature lyonnaise.
Lille dans la cour des grandes
Le 9 janvier 1996, la Ville de Lille devient dès lors l’une des onze candidates officielles aux Jeux Olympiques de 2004, avec Rome (Italie), Athènes (Grèce), Le Cap (Afrique du Sud), Stockholm (Suède), Buenos Aires (Argentine), Istanbul (Turquie), Rio de Janeiro (Brésil), Saint-Pétersbourg (Russie), San Juan (Puerto Rico) et Séville (Espagne).
Le 30 juin, Marie-José Pérec reçoit des mains de Jacques Chirac, Président de la République, la lettre de garantie de soutien de l’Etat pour la candidature de Lille.
Après avoir assisté aux Jeux Olympiques d’été d’Atlanta du 19 juillet au 4 août 1996, et fait la promotion de la candidature de Lille, la délégation lilloise se rend le 14 août au siège du Comité International Olympique à Lausanne afin de déposer 70 exemplaires du dossier officiel de candidature de la Ville.
Les Jeux lillois, portés par le slogan « Les Jeux pour Tous ! », sont présentés comme un évènement populaire et à taille humaine, et « un projet utile, économe et citoyen » (Francis Ampe), ancré dans la démarche environnementale de l’Agenda 21.
Un dossier travaillé et de nombreuses opérations de communication…
Le dossier de candidature contient l’ensemble des informations nécessaires au choix et à la prise de décision du Comité International Olympique. Porté par le Comité de candidature et par Lille 2004, successeur de LEO 2004, il est rédigé en 6 mois par plus de 300 personnes. Il est la poursuite et l’évolution du travail effectué pour le premier dossier remis au CNOSF fin 1995 lors de la première phase de candidature. Il présente aussi bien les infrastructures sportives disponibles et à venir que l’hôtellerie, le budget dédié, les transports, les traditions régionales, etc. Ce dossier est le résultat d’un travail de longue haleine mêlant les exigences du Comité International Olympique, celles des sportifs, mais aussi les capacités économiques et pratiques locales, et le souci de l’environnement.
La majorité des sites olympiques proposés dans le dossier devaient se situer autour d'un arc olympique, traversant la métropole de Lille de Roubaix à Villeneuve-d'Ascq. C'est sur cette dernière commune avec Ronchin et Lezennes qu'aurait été placé le parc olympique. Les sites situés hors de cet arc devaient tous se trouver dans la région Nord-Pas-de-Calais. Le village olympique était prévu au centre de l'arc olympique, à la place de la gare Saint-Sauveur.
« Le Stadium Nord sera ainsi mis aux normes olympiques pour accueillir les épreuves d’athlétisme, mais aussi les cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux, deux évènements qui doivent être de grandes fêtes populaires.
Le tennis se jouera en métropole, à Marcq-en-Barœul, et non au Touquet ni à Roland-Garros, comme on l’avait imaginé il y a quelques mois. Le tir à l’arc sera pratiqué à Wambrechies alors qu’on avait d’abord pensé à installer les épreuves au Centre équestre de Marcq-en-Barœul. » (Magazine Autrement Dit « Lille 2004 : l’aventure olympique » du 20/05/1997, retraçant en collaboration avec Lille 2004 l’ensemble des actions et évènements de la candidature, 12S/35).
Afin de porter la candidature de Lille et de fédérer la population autour de cette ambition, de nombreuses opérations de communication et de promotion sont mises en place : durant le Tour de France 1996 avec un car-podium siglé Lille 2004 dans la caravane, et un stand dédié à la candidature lors de la braderie de Lille de 1996. Lille 2004 promeut également la candidature de Lille durant l’assemblée générale de l’Association des comités nationaux olympiques (ACNO) à Cancún (Mexique), et durant le G7 Emploi à Lille en 1996.
L’association Lille 2004 publie également des lettres d'information et des magazines à destination du public pour communiquer sur les actions menées, et est en lien étroit avec les médias afin que ces derniers puissent communiquer sur l’évolution de la candidature. Ces actions de communication répétées atteignent leur objectif : le soutien massif de la population lilloise et française, favorable à 78% à la tenue des Jeux Olympiques de 2004 à Lille, comme le révèle le communiqué ci-dessous (cliquer sur le document pour pouvoir l'agrandir et lire son contenu).
Enfin, dès l’annonce de la candidature, une campagne de soutien est mise en place via des bulletins à remplir, afin que particuliers, collectivités, institutions et entreprises, puissent manifester leur soutien explicite. 1 million de bulletins vont être ainsi récoltés.
Saint-Louis du Sénégal, ville partenaire et jumelée de Lille, apporte par exemple un fervent soutien à la Ville de Lille.
…qui ne convaincront pas
En septembre 1996, Lille reçoit la visite de la délégation du CIO, qui vient observer et analyser in situ les capacités d’accueil, d’organisation et de transport de la Ville, pour lesquelles des réserves sont émises.
Le 6 mars 1997, la délégation lilloise se rend à nouveau à Lausanne afin d’assurer une dernière fois la défense du dossier de candidature lillois devant le Comité International Olympique, dans l’espoir d’intégrer le groupe des cinq villes présélectionnées. Malgré l’implication de chacun et la ferveur populaire, la Ville de Lille est malheureusement éliminée le lendemain, le 7 mars 1997.
« Je suis convaincu que Lille sort tout de même gagnante. Nous avons appris à travailler ensemble sur de grands projets. Cela ne restera pas sans effet. » (Pierre Mauroy à l’annonce de la défaite, Libération du 8/03/1997).
La Ville de Lille et sa région sont certes éliminées, mais cette candidature leur a été grandement bénéfique : elle a permis de redorer leur image ternie par un contexte économique difficile, et de se présenter comme des territoires attractifs et dynamiques. La liesse et le soutien populaire leur ont offert une visibilité nationale voire internationale qu’elles espèrent voir perdurer. La Ville de Lille confirme et consolide ainsi son titre de capitale des Flandres et du Nord, mais également sa situation de ville ancrée au cœur de l’Europe.
Enfin, plus symboliquement, cette candidature olympique a témoigné de l'audace et de la fierté de la Ville et ses habitants.
Souhaitant conserver cette dynamique favorable au rayonnement de la Ville et conserver l'organisation d'un grand événement en 2004, Lille se lance alors dans une nouvelle grande aventure : celle de la candidature au statut de Capitale européenne de la Culture. Un nouveau défi qu'elle emportera.
Les archives de l’association LEO
L’ association Lille Europe Olympique 2004 (LEO 2004) est créée pour mettre en œuvre le projet de candidature de Lille à l’organisation des Jeux Olympiques de 2004. Puis, lorsque Lille remet officiellement sa candidature au Comité International Olympique (CIO) en janvier 1996, l’association se scinde en deux : d’un côté Lille 2004, opérateur et gestionnaire de la candidature, et de l’autre LEO 2004 pour la promotion et le soutien populaire, ces deux branches œuvrant en collaboration avec l’agence de relations publiques RP Carrées.
En 2014, Catherine Richard, directrice de RP Carrées et ancienne membre de LEO 2004, fait don aux Archives municipales de Lille des documents produits par les deux branches de l’association et par l’agence RP Carrées à l'occasion de la candidature de Lille aux JO 2004.
Le fonds est majoritairement composé de dossiers et communiqués de presse, de comptes-rendus de réunions, de lettres d'information hebdomadaires, des dossiers de candidature, des photos et de différents objets de promotion.
Il contient également quelques documents sur le fonctionnement de l’association Lille 2004.
Ces documents sont à la disposition des chercheurs qui souhaiteraient étudier l’organisation de l’aventure olympique lilloise.
Pour aller plus loin
A partir du premier lien ci-dessous, vous pouvez consulter l'inventaire des archives de l'association LEO; les documents originaux sont consultables en salle de lecture des Archives.
Le second lien vous donne accès au site internet réalisé par l'association LEO. Ce site regroupe tous les documents écrits, audio et vidéos numérisés produits à l'époque. Pour y accéder, cliquer sur "Plan du site" en haut à gauche de la page d'accueil.
Le troisième lien vous permet de découvrir plus largement l'histoire du sport dans les Hauts-de-France à travers l'exposition réalisée par l'Armarium, la bibliothèque numérique des Hauts-de-France. Vous y découvrir les disciplines emblématiques du sport régional et les origines du sport actuels, à travers les collections des établissements documentaires dse Hauts de France mais aussi de la Bibliothèque nationale de France.