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25 septembre 1419 : Philippe le Bon fait sa "joyeuse entrée" à Lille

Le 25 septembre 1419, quinze jours après l’assassinat de son père Jean Sans-Peur par les partisans de Charles, Dauphin de France, le nouveau duc de Bourgogne et comte de Flandre Philippe le Bon fait sa première entrée solennelle à Lille, sa « joyeuse entrée ».

A cette occasion, il prête le serment des comtes de Flandre devant l’échevinage de la ville. 

Ce serment est transcrit dans les lettres-patentes délivrées par le duc et conservées par les Archives municipales de Lille sous la cote PAT 8/118. 

La lecture de ce document nous permet de revenir sur cet évènement qui, au-delà de la simple formalité protocolaire, s’inscrit dans le contexte de la guerre de 100 ans et du conflit entre les partisans du Dauphin et les Bourguignons.

Lettres patentes de Philippe le Bon portant serment de respecter les privilèges de la ville de Lille à l’occasion de son entrée en ville en date du 25 septembre 1419 Archives municipales de Lille - Pièce aux titres PAT 8/118

La « joyeuse entrée » de Philippe le Bon

Portrait de Philippe le Bon © Lille - Musée de l’Hospice Comtesse, P771

Le 25 septembre 1419, le nouveau duc de Bourgogne et comte de Flandre, Philippe le Bon, fait son entrée dans la ville de Lille.

Cette première entrée solennelle du souverain porte le nom de « Joyeuse entrée ». 

La joyeuse entrée, comme cérémonie de droit public, appartient à une ancienne tradition. Les princes territoriaux, dans les anciens Pays-Bas, se présentent devant chaque communauté et villes lors de leur avènement. La première mention d’une telle manifestation pour le comte de Flandre remonte à 1297.

Comme le veut la coutume de la ville, le duc prête le serment des comtes de Flandre devant l’échevinage. Il s’y engage à respecter les lois et franchises de la ville.

L’accueil est à la mesure de l’émotion occasionnée par l’évènement et de l’émoi suscité par la brusque disparition de Jean sans Peur, assassiné le 10 septembre 1419.

Les représentant de la ville, venus accueillir leur souverain, se montrent prodigues en cadeaux de bienvenue.

Marqué par cet hommage, Philippe le Bon accorde des lettres spéciales pour la confirmation des privilèges et franchises de la ville. Il y indique qu’il y a été « grandement et libéralement receu ».

Par ce premier acte, il montre clairement une affection toute particulière envers la ville de Lille.

Le texte est transcrit sur un petit parchemin qui était à l’origine scellé du sceau de Philippe le Bon :

« Comme nous soions venuz et fait notre entrée comme nouvel seigneur en plusieurs bonnes villes de notre dit pays de Flandres et d’icelles prinse la possession ainsi que en cas pareil noz prédécesseurs contes et contesses de Flandres ont fait et aujourdhuy en espécial en notre ville de Lille, en laquelle noz bien amez le clergié, maieur, eschevins, rewart, manans, habitans et toute la communauté d’icelle comme noz bons et loyaulx subgez nous ayent grandement et libéralement receu en nous demonstrant et rendant vraye et plénière obéissance, savoir faisons que à ce mesmes jourdhuy, nous, au lieu où noz prédécesseurs contes de Flandres, dont Dieux ait les ames, ont acoustumé de faire leur serement à leur première entrée et réception en icelle notre ville, avons fait serement solennel à notre dicte ville sur la croix où estoit l’image et représentacion de notre sauveur Jéshucrist, sur les sains euvangilles et et paroles de Dieu, de garder et mener ladicte ville, la loy, la franchise, les usages et coutumes d’icelle, les corps et chatelz des bourgeois par loy et par eschevinage. Et après ce lesdiz maieur, eschevins, rewart, bourgois, habitans et communauté nous ont promis et juré solennelment de garder notre corps et notre héritage de notre dit conté de Flandres bien et loyalment à leur sens et povoir. »

Sceau de Philippe le Bon (1428) Archives municipales de Lille - Pièce aux titres PAT 80/1463

Le contexte de son entrée dans Lille

Les festivités et la satisfaction du duc envers les Lillois ne doivent pas faire oublier le contexte dramatique pendant lequel se passe sa «joyeuse entrée».

L’avènement du nouveau duc de Bourgogne a lieu pendant une période trouble durant laquelle s’affrontent le duc de Bourgogne et les partisans du Dauphin Charles, dans un contexte de guerre contre les Anglais.

Le père de Philippe le Bon, Jean sans Peur, est assassiné le 10 septembre 1419 par les partisans du Dauphin de France, lors d’une tentative de réconciliation des deux parties. 

Les partisans du Dauphin vengent par ce crime le meurtre du frère du roi, Louis d’Orléans, qui a eu lieu 12 ans plus tôt.

À 23 ans, porté au pouvoir par la disparition brutale de son père, Philippe le Bon souhaite avant tout venger sa mort. 

Du fait de la folie du roi de France, Charles VI, Philippe le Bon est de fait régent du royaume. Il fait signer au roi le traité de Troyes le 21 mai 1420. Celui-ci scelle une alliance entre Charles VI et Henri V, le roi d’Angleterre. Le Dauphin est déshérité au profit du roi d’Angleterre. Ce dernier reçoit comme épouse Catherine de France, fille de Charles VI. Ce mariage fait de lui le successeur du roi de France, si tant est qu’il lui survive…

Henri V d’Angleterre meurt en 1422, deux mois avant le roi de France Charles VI. Le fils d’Henri V et de Catherine de France, Henri VI est un enfant de quelques mois. Il est proclamé « roi de France et d’Angleterre ». Le régent, Jean de Lancastre, épouse la sœur du duc de Bourgogne, Marguerite.

Du côté français, le Dauphin entame la reconquête du Royaume. Il devient Charles VII à la mort de son père. Grâce à l’intervention de Jeanne d’Arc, il est sacré à Reims en 1429.

Face au retournement de situation et aux déboires successifs des Anglais, le duc de Bourgogne Philippe Le Bon se réconcilie avec le roi de France et rompt son alliance avec Henri VI d’Angleterre.

Les deux parties françaises se réconcilient au traité d’Arras en 1435, par lequel Philippe le Bon consolide son Etat.

Philippe Le Bon et Lille

Jusqu’en 1435, les Lillois sont relativement épargnés par le conflit. C’est paradoxalement le traité d’Arras qui entrainera des troubles sur le territoire lillois. Des bandes armées, les écorcheurs, qui officiaient pour le compte du roi de France Charles VII en territoire bourguignon, ne sont plus payées et ravagent le plat pays.

Caricature d’un écorcheur illustrant une chronique anonyme de Lille Archives municipales de Lille_Registre E

La paix ne reviendra sur le territoire qu’en 1440.

Tout au long de son règne, Philippe le Bon affirme la place de Lille comme capitale des régions septentrionales de ses états.

Il affectionne cette ville par sa position géographique et sa relative prospérité. Ses séjours y sont fréquents. Il fait bâtir une nouvelle résidence en 1452 au lieu-dit Rihoult : le palais Rihour, où il commence à séjourner en 1463.

Des évènements marquant de son règne se déroulent à Lille dont le premier chapître de l'ordre de la Toison d’Or en 1431 et le banquet du faisan en 1454.

L’ordre de la Toison d’Or fut créé en 1430. Il rassemble autour de Philippe le Bon les chevaliers les plus prestigieux de leur temps pour la défense de la chrétienté. 

Lille accueille son premier chapitre où se déroulent à cette occasion des fêtes et processions. 

Ces chevaliers sont réunis de nouveau en 1454, lors du « banquet du faisan ». Philippe le Bon s’engage à aller délivrer Constantinople prise par les Turcs un an auparavant. Si le vœu ne fut jamais tenu, les festivités organisées pour le banquet sont mémorables. 

La présence du duc et de sa suite – plus de 1200 personnes sont attachés au Duc – fait prospérer les affaires des Lillois mais affecte grandement les finances de la Ville.

Pour aller plus loin

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