1304 : Lille de nouveau assiégée par Philippe le Bel
Du 24 août au 23 septembre 1304, la ville de Lille est de nouveau assiégée par le roi de France Philippe le Bel. Les négociations pour la capitulation de la ville sont entamées dès le début du siège, avant même de connaître l’issue de la bataille. Nous vous proposons de découvrir les particularités de cette capitulation en date du 14 septembre 1304.
En 1302, Lille est assiégée dans le cadre de la guerre franco-flamande qui dure de 1300 à 1304. Au cours de cette guerre, le roi de France Philippe le Bel cherche à dominer son vassal, le comte de Flandre Gui de Dampierre. Mais le roi n’arrive pas assez tôt pour secourir les Lillois au terme du mois de répit accordé par le comte de Flandre. La Ville est prise par les troupes de Jean de Namur, l’un des fils de Gui de Dampierre, et revient sous l’autorité directe du comte de Flandre.
Le roi n’en reste pas là, et vivement convaincu de reprendre Lille, procède à une contre-offensive qui s’étend sur le territoire flamand entre 1302 et 1304. Il met notamment sur pied une flotte qui vainc celle des Flamands. Sur terre, la bataille la plus importante se déroule à Mon-en-Pévèle le 18 août 1304. Cette bataille, bien qu’indécise, donne l’avantage au roi. En effet, les Flamands perdent dans la bataille leur chef, Guillaume de Juliers, petit-fils du comte de Flandre. Une partie des Flamands bat alors en retraite sur Lille. Ils cèdent alors la place à Philippe le Bel, qui va entreprendre la reconquête de Lille et de Douai. Le roi remet la main sur Lille à l’issue d’un siège d’un mois, du 24 août au 23 septembre 1304.
La rédaction de la capitulation
La capitulation de Lille, rédigée le 14 septembre 1304 par le roi Philippe le Bel, présente plusieurs particularités. Ce sont les grands vassaux participant à l’ost ( Service militaire féodal dû par tout vassal à son seigneur ) qui sont chargés de conduire le siège et de valider la capitulation en apposant leur sceau. Celle-ci est ensuite ratifiée par le roi.
Contrairement à la capitulation de 1297, ce n’est pas la ville de Lille qui rédige ses conditions qui sont ensuite évaluées par le roi. Cette fois-ci, le roi lui-même rédige l’acte de capitulation et fixe ses propres conditions.
Cette capitulation est rédigée dès le 14 septembre 1304. Les négociations entre assiégeants et assiégés sont en effet entamées dès le début du siège. Ainsi, le texte exprime des conditions différenciées selon l’issue du conflit :
« accorde est que la ville de Lisle se doit rendre au Roi dedans le mercredi apres ceste prochiene feste Saint-Mahiu se ansois nest que li flamanc le secuerent ou que pais ne se face au gre dou Roi »
« est accordé que la ville de Lille doit se rendre au roi durant le mercredi après la prochaine fête de Saint-Mathieu, sauf si les Flamands la secourent ou que la paix se fait au gré du roi ».
Le roi formule ensuite différentes clauses dans la capitulation, selon que Lille se rend au roi ou qu’elle est secourue par les Flamands.
Comme en 1297 et en 1302, le roi confirme la plupart des libertés de Lille. Il confirme le maintien de ses institutions, ses coutumes, usages et lois. Néanmoins, il exige d’elle une très lourde amende qui pénalise la ville.
« doivent rendre le vile et le chastel au Roi landemain dou mercredi dessus dit, sauf les lois, les usaiges, les coustumes, les franchises, les privileges, les cors, les menbres, les cateus, les heritaiges […] ».
« ils doivent rendre la ville et le château au roi le lendemain du mercredi cité ci-dessus, sauf les lois, les usages, les coutumes, les franchises, les privilèges, les corps, les membres, les propriétés, les héritages […] ».
En revanche, dans l’hypothèse où les Flamands, dirigés par Jean de Namur, viendraient secourir la ville et déferait le roi de France, « les convenances devant dites seroient nules ». Le roi n’oublie pas non plus d’assurer ses arrières en cas de défaite :
« Et est encores acorde que aussi ne doivent cil de Lisle tenir ne faire nul demaige au Roi ne a ses genz ne a leur biens ne au choses de li ne de lost […]».
« Et est encore accordé qu’aussi, ceux de Lille ne doivent faire aucun dommage au roi ni à ses gens, ni à leurs biens, ni à ses effets personnels ni à celles de l’ost ».
Cette capitulation est très intéressante car elle dénote par rapport aux autres capitulations lilloises. Elle est en effet rédigée dès le début des négociations, ses clauses sont variables afin d’être viables quelle que soit l’issue du siège.
Le traité d’Athis
Cette période de guerre se termine par des négociations qui aboutissent au traité d’Athis en 1305. Celui-ci est très compliqué à appliquer. La ville se sent abandonnée par le comte et doit payer une amende considérable de 80 000 livres.
De plus, lors du traité il avait été négocié que le roi conserverait les châtellenies de Lille, Douai et Orchies en gage. Or, le roi propose un échange : certes, il garde définitivement les châtellenies mais il le fait en échange d’une rente annuelle de 10 000 livres versée au comte de Flandre. La Flandre se retrouve donc séparée avec une partie dans les mains du roi.
A l’issue de ce siège, la ville de Lille ne connaît plus de siège avant 1667. Le comté de Flandre reste dans le giron du roi jusqu’en 1369, date à laquelle il est dévolu aux ducs de Bourgogne.